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Qu'est-ce que le placement d'observation? Le PGDE étant une formation basée sur le principe de l'alternance (la paye en moins), nous avons, en plus des cours à l'université, des placements dans deux écoles différentes à effectuer dans l'année. Pour chaque école, il y a d'abord un placement d'observation d'environ deux semaines, grâce auquel on s'habitue aux règles de l'école, on apprend à connaître les élèves, on se familiarise avec les méthodes d'enseignement des profs, on observe, on aide, on participe, mais on n'enseigne pas à proprement parler. Puis, quelques semaines plus tard, on retourne dans la même école pour un placement plus long d'à peu près six semaines, durant lequel on prend en main différentes classes et on enseigne "pour de vrai".
Je viens donc de terminer mon premier placement d'observation, pour lequel j'ai été affectée à Coatbridge High School, qui est ce qu'on appelle une "non-denomitional school", autrement dit une école non Catholique. En Ecosse, il n'y a pas de séparation de l'Eglise et de l'Etat comme en France, la plupart des écoles publiques sont ainsi Catholiques, et l'éducation religieuse étant la seule matière obligatoire au niveau national, il y a des cours de religion(s) dans les non-denomitional schools également. Bref, mon école se trouve donc à Coatbridge, une ville située à environ 20 minutes de Glasgow en voiture (mais quasiment 1h avec les transports en commun...).
Lorsque j'ai annoncé le lieu de mon placement à des amis écossais, leur réaction a été immédiate: "oh mon Dieu, cette école est atroce, les élèves sont horribles, très difficiles, le quartier est mal famé...". Bref, je m'attendais plus ou moins à me faire poignarder à un moment ou un autre au détour d'un couloir.
J'ai donc été très agréablement surprise quand je me suis rendue compte que Coatbridge High School était une école tout ce qu'il y a de plus normale. Ce qui lui vaut cette réputation, c'est surtout le niveau social assez "bas" de la zone dans laquelle elle se trouve. Les élèves ont pour certains un cadre familial compliqué, plusieurs d'entre eux sont affectés par des troubles de l'apprentissage plus ou moins importants (dyslexie, etc.), et oui, certaines classes sont difficiles question comportement. Mais rien de dangereux, et pour tout vous dire, c'est ce qui a rendu ce placement tellement intéressant!
J'ai pu avoir un aperçu de ce qu'est réellement le métier d'enseignant, avec ses hauts et ses bas, des élèves adorables qui vous lancent un "Hi Miss Ynesta!" quand ils vous croisent dans les couloirs, aux élèves effrontés qui refusent de faire le travail en vous regardant dans les yeux l'air de dire "qu'est-ce que tu vas me faire, de toute façon?". J'ai pu ressentir la frustration des jours où on a le sentiment de ne pas avoir fait tout ce qu'il fallait pour nos élèves (oui, parce que ce sont les nôtres!) et la satisfaction de ces moments où on voit un regard s'illuminer grâce à nos explications. J'ai constaté le travail de fou qui est fait en coulisses, en dehors des salles de classes et la façon dont un enseignant pense à ses élèves et à ce qu'il doit faire 24/24h. Ceux qui disent que les enseignants ne foutent rien parce qu'ils ont plein de vacances sont stupides. Un enseignant n'a pas de vacances, pas de weekend, parce que son cerveau n'est jamais sur OFF, même quand il n'y a plus rien à faire.
J'ai toujours dit qu'il fallait être un peu maso pour vouloir être prof. La preuve, j'ai eu les pires classes lors de mon dernier jour, et pourtant, je suis rentrée chez moi avec l'impression d'avoir passé l'une des meilleures journées de mon placement...
